Prédateurs et victimes

Sommaire


  • Introduction
  • « La majorité a toujours raison, mais la raison a bien rarement la majorité aux élections » – Jean Mistler

    Analysons cette phrase. Elle veut exprimer le fait que le plus grand nombre va imposer sa vision et le comportement d’un groupe. Même si la majorité fait n’importe quoi, pour le meilleur et pour le pire.

    Il existe une multitude d’exemple, comme l’extrait de Qui veut gagner des millions où Jean-Pierre Foucaud demande au candidat : « Qu’est-ce qui gravite autour de la terre ? » – A : La lune ; B : Le soleil ; C : Mars ; D : Vénus. En demandant l’aide du public, les résultats sont les suivants : A : (la lune) 42% ; B : (le soleil) 56% ; C : (Mars) 2% ; D : (Vénus) 0%.

    Est-ce une volonté de tromper le candidat ? Un manque de culture du public ? Un manque de concentration ? De grosse lacune de logique ? Dans ce cas, la majorité n’a pas fait le bon choix.

    La souffrance au travail n’est pas un nouveau sujet. Elle existe depuis que l’homme travaille et peut prendre plusieurs formes.

    Qu’elle doit physique ou psychologique, les ravages sont plus ou moins graves car tout dépend de la manière dont elle s’applique et comment on la gère. Elle peut être personnelle, extra-professionnelle, se passer dans l’enceinte d’une entreprise et même se prolonger à l’extérieur.

    Parfois involontaire et souvent subit, la souffrance est un fléau dont on ne s’occupe que depuis quelques années.

    Le burnout (syndrome d’épuisement professionnel) est reconnue comme maladie professionnelle depuis 2020 seulement alors qu’on connait ce cas depuis des années. Pour ne citer que cet exemple, pour le moment, nous pouvons faire un constat simple : la souffrance au travail est peu connue, voire méconnue.

    Beaucoup de monde ne comprennent pas comment on peut entrer dans ces cercles cauchemardesques car il suffit d’être fort, de ne pas se laisser faire ou d’appeler à l’aide. Pas si simple en fait…

    C’est un enjeu public, humain et collectif que de prendre conscience de ces souffrance. S’il y a des victimes, c’est qu’il y a un ou plusieurs bourreaux.

    Quand on tombe par terre car on a trébuché tout seul, on ne peut s’en vouloir qu’à soi-même. Mais qu’en est-il si c’est quelqu’un qui vous fait tomber volontairement ? Pire, si c’est tout un groupe qui vous fait des croches pieds ?

    Je vais témoigner de mes propres expériences car, après être sorti de plusieurs cas, j’ai eu la chance de pouvoir prendre du recul, de me documenter, de comparer avec d’autres et de faire une synthèse.

    La rechute est possible et il faut être vigilent tout le temps, afin de reconnaître ces signaux, dénoncer et se retirer dès que possible. Remonter la pente lors qu’on est touché par la dépression est un effort permanent.


  • Définitions
  • Le travail = définition du CNRTL. De nos jours, ce mot désigne une tâche à réaliser et il souvent synonyme de corvée. Pour mieux mettre en valeur cette action, on peut utiliser le mot emploi.

    La souffrance = définition du CNTRL. C’est un sentiment négatif qui permet à celui qui en est touché de ressentir un mal-être physique ou morale. Selon les personnes, le seuil de tolérance permet de résister jusqu’à un point de rupture.

    La victime = c’est une personne qui pourrait-être un proche, un collègue ou vous-même… c’est elle qui subit des injustices, les pressions et les mauvais traitements. Les victimes sont souvent choisis en fonction de compatibilité avec un groupe. Ce n’est pas forcément le moins intelligent, le plus moche ou le plus faible physiquement qui est visé. En fait, c’est un jeu hiérarchique particulier qui mélange différentes substances entre-elles et qui rend l’ensemble instable et explosif.

    Le Bourreau = c’est une personne qui pourrait-être un proche, un collègue ou vous-même… c’est elle qui inflige les injustices, les pressions et les mauvais traitements. Les bourreaux ont souvent des travers et des défaillances qu’ils essaient de cacher. Comme tout le monde en a, c’est pourquoi n’importe qui peut-être bourreau. Mais ce qui est commun à tous, c’est qu’ils n’hésitent pas à utiliser tous les moyens pour s’attaquer aux victimes. Au moyen-âge, le bourreau était celui qui exécutait et retirait la vie à un prisonnier condamné.

    Ne confondons pas victime et incompétent. Un incompétent est quelqu’un qui n’a pas les connaissances et l’intelligence afin de réaliser une tâche. Une victime peut-être n’importe qui, compétente ou non. Le raccourci peut-être séduisant, simple et rapide mais sera biaisé.


  • Exemples
  • Je rappelle qu’une victime peut-être n’importe qui, même le plus préparé des endurcis.

    Les victimes ont des profiles différents et sont souvent des personnes :

    • Gentilles
      Elles ne cherchent pas les ennuis, elles veulent passer leur vie tranquillement et éventuellement apporter leur aide aux autres. Par conséquent elles ne savent pas se défendre et, pire que cela, elles n’arrivent pas à se défendre.

    • Faibles physiquement
      C’est facile de s’en prendre à plus faible physiquement que soi. Si le faible essaie de résister il n’y aura qu’à le soumettre afin qu’il se taise. C’est le rêve et la volonté des bourreaux.

    • Faibles ou fragile psychologiquement
      Il existe plusieurs niveaux de faiblesse psychologique car chacun d’entre nous a une expérience de la vie différente. Les phobies en sont un bon exemple, tout comme la peur d’entendre quelqu’un crier pour nous disputer.

    • Complexées
      Les complexes sont comme des points faibles quand on n’a pas appris à se détacher du regard des autres et les prédateurs le savent. S’affirmer et être indifférent à la société sont les portes de sortie.

    • En perte de repère
      Quand les fondations d’une personnalité ne sont pas solides il est assez compliqué d’interagir avec son environnement social. Un prédateur pourra alors facilement isoler sa proie.

    • Conciliante
      Le problème avec le fait d’être conciliant c’est qu’on se fait écraser par les idées des autres qui arrivent à s’imposer. Le bourreau saura vous soumettre si vous n’êtes pas attentifs.

    • Fidèle et confiante
      La fidélité est une bonne chose dans un couple mais il ne faut pas essayé de transposer cela en dehors de ce cadre. Cela peut se transformer en soumission et le prédateur le sait très bien.

    Les exemples ne manquent pas. Il apparait alors évident que vous connaissez ou que vous êtes un ou plusieurs de ces profiles.

    On comprend alors facilement que les prédateurs et autres bourreaux ont une intuition développée pour détecter les faiblesses de leur proies et victimes. En ajoutant à cela un machiavélisme et une perversion, le tout donne un cocktail détonnant.


  • Pourquoi cela arrive-t-il ?
  • Comment devient-on victime ? Pourquoi est-on une victime ? Comment éviter d’être une victime ? Ces questions n’ont pas qu’une seule réponse. De plus ce que je vais listé n’aboutit pas systématiquement à l’état de victime ou prédateur.

    • L’être humain, cet animal
      Il existe tellement de raisons de devenir une victime. Pour faire simple, et au risque d’en froisser beaucoup, l’homme est un animal.

      Pour survivre, l’animal doit chasser et reconnaître une proie de choix. Nous avons déjà vu des lionnes ou de prédateurs chasser, ils ne sont pas fous et ne vont pas s’attaquer au plus forts. Ils vont donc traquer les plus faibles, les plus vieux, les plus lents…

      Ensuite, au sein du groupe il y a une hiérarchie avec des alphas, bêtas et tout ce qui va avec. Les plus forts imposeront évidemment leur vision et volonté. Est-ce que c’est un bon système ? Peut-être pour une meute de loups, mais sommes nous des loups ?

    • Le sacrifice
      Dans un groupe qu’on n’a pas choisi, une classe de collégien par exemple, il peut y avoir une personne servant de bouc émissaire. Cela peut-être une source de soulagement pour d’autres qui aurait pu être à sa place.

      Cet élève n’a pas eu de chance car il a montré une faiblesse à un moment donné. Tout comme il ne faut pas courir quand un chien nous regarde.

    • Le défouloir
      Dans la nature, un prédateur chasse pour se nourrir. Il est rare de voir des animaux en harceler d’autres. La majorité du temps, les animaux tuent pour se nourrir et survivre. Peut-être que le chat est l’un des rares animaux à s’entraîner avec ses proies ? Et cela nous donne l’impression qu’il s’amuse.

      L’être humain peut facilement dériver dans du harcèlement pour se défouler. En effet, cela peut-être une manière de décharger un trop plein de haine, tristesse, frustration, stress… sur quelqu’un alors qu’il existe plein d’autres moyens. Le sport, la méditation, la lecture, l’écriture, le dessin, la peinture…

      Se défouler sur une autre personne peut révéler un trouble affectif ou pervers.

    • Le manque de maturité
      Un manipulateur représente la majorité des profiles type de prédateur en entreprise. Les autres sont des tueurs, violeurs, voleurs… Mais restons sur le manipulateur. J’ai tendance à dire, et la littérature ainsi que mes recherches sur internet, qu’un manipulateur est un adulte qui est resté un enfant dans sa tête.

      Qui crie, pleure, insulte, gémit, frappe, tape, change d’avis, détruit, montre de la cruauté, etc… ? Généralement un enfant de 0 à 7 ans. Puis quand il va à l’école, commence à s’instruire et côtoie d’autres enfants, devrait s’éloigner de ces manières de s’exprimer.

      Je reste parfois impressionné par la capacité d’un enfant à obtenir ce qu’il veut rien qu’avec un minimum d’effort.

    • La perversité
      Un bourreau peut parfois avoir des pulsions sexuelles enfouies, car il ne peut pas faire n’importe quoi, qu’il exprime par du harcèlement. J’ai rencontré beaucoup d’hommes en entreprise qui voulait étreindre des femmes comme si elles étaient du bétails. Évidemment je ne vais pas le décrire avec des mots crus mais cela montre la pulsion animale même dans des lieux qui ne s’y prêtes pas.

      Par conséquent, l’envie de manipuler l’autre, de prendre le dessus sur l’autre et de le faire plier pour qu’il exécute tout ce que désire le bourreau. C’est là que l’inquiétude devrait laisser la place à l’alerte.


  • Mise au point
  • Les victimes n’ont rien à se reprocher, elles n’ont pas à ressentir de la culpabilité et n’ont pas à avoir honte. Par contre ce sont le ou les bourreaux qui doivent être accusés, il ne faut pas se tromper. C’est même essentiel pour se reconstruire et avancer. Concrètement, pour s’en sortir il faut passer par les états suivants :

    • état de victime
    • reconnaissance du statut de victime par la victime elle-même
    • colère et contre-attaque
    • recherche et historique
    • analyse et compréhension
    • synthèse et apaisement
    • réparation et futur

    Les bourreaux ont cette faculté de détecter des faiblesses chez leurs victimes : timidité, introversion, gentillesse, manque de confiance, pas de répondant… Ils trouveront n’importe quels moyens pour les exploiter de manière insidieuse et cela prendra le temps qu’il faudra.

    En règle général, le bourreau n’est pas forcément seul, il a des partenaires bien sélectionnés pour l’aider ou alors il est en position de force pour qu’on le croit (n+1, adjoint du chef…). Le pire dans tout cela c’est quand il se croit dans son bon droit, du côté de la justice ou prêchant la bonne parole.

    Nous entrons alors dans les profondeurs de l’âme noire des êtres humains et du pire dont ils sont capables.

    Retenez bien cette règle importante en société : ce n’est pas parce que la majorité pense ou dit quelque chose, que c’est vrai. Mais les composants du groupe s’en moquent tant que cela peut nuire à la victime et qu’ils ne se retrouvent pas à sa place.


  • Conclusion
  • Une victime est un bouc émissaire, généralement pour :

    • le plaisir d’un ou plusieurs sadiques conscients ou inconscients
    • désigner un coupable car c’est pratique d’en avoir un comme pour exorciser le mauvais sort
    • décharger la haine d’un groupe dessus pour faire baisser la pression
    • diriger de manière indirecte des frustrations personnelles, professionnelle ou extra-professionnelle
    • etc…

    La souffrance n’apparait pas toute seule. Il y a toujours une origine à la base et c’est ça qu’il faut comprendre. C’est cette origine qu’il faut savoir identifier. A l’école, on nous apprend à reconnaître les lettres de l’alphabet, les nombres, les figures de style, des identités remarquables… mais on ne nous apprend pas à identifier les sources de souffrance. Peut-être par manque de temps ou cela ne fait pas partie du champs de compétence ?

    Ce qu’il faut bien comprendre c’est que la souffrance au travail apparait suite aux actions (bonnes, mauvaises, justifiés ou injustes…) de quelqu’un mais le résultat est là, on crée une ou plusieurs victimes. Je vais essayer de vous guider pour vous en sortir et si possible anticiper et éviter d’en devenir une sans pour autant être un bourreau.

    Retenez bien le principe suivant : vous avez des droits et des libertés, si un environnement est hostile alors FUYEZ. Vous devez vous défaire de l’emprise de votre bourreau immédiatement ! C’est ça que nous allons essayer de détecter.